
Depuis son ouverture au public en 1987, les Moulins souterrains ont reçu plus de 750’000 visiteurs, provenant de toute la Suisse, ainsi que des autres pays.
Pour les accueillir dans de bonnes conditions, la Fondation des Moulins souterrains a dû mettre en oeuvre de nombreux travaux.
Rappelons-en les principales étapes :
- Entre 1999 et 2001, le bâtiment du musée est rénové, un vaste espace est accordé aux expositions permanentes et temporaires ;
- En 2004, le bâtiment administratif est à son tour réhabilité et une antenne de Tourisme neuchâtelois prend place au rez-de-chaussée ;
- En 2007, l’eau motrice est réintroduite dans la grotte, en même temps qu’une roue hydraulique supplémentaire ;
- Entre 2017 et 2018, la cour du site est réhabilitée, ses anciennes structures sont fouillées et mises en valeur.
La Décollection
Au cours de son existence, le site a collecté de nombreux objets. Certains ont été acquis dans un but de collection, d’autres afin de réparer ou reconstruire des moulins selon des projets qui ont été abandonnés. En conséquence, de nombreuses pièces métalliques, des engrenages par exemple, ont été conservés à un très grand nombre d’exemplaires.
Se séparer d’objets a été longtemps un tabou pour les musées. Aujourd’hui les choses évoluent. Certaines institutions admettent qu’une collection est en perpétuel mouvement : des biens culturels entrent et d’autres sortent. Elles interprètent ainsi le code déontologique de l’ICOM (International Council of Museums) au sens large, en insistant sur les critères concernant la durabilité et la participation.
La durabilité parce que le Musée, en se séparant d’objets surnuméraires ou inappropriés, valorise ses collections en les rendant plus homogènes et significatives. De plus, en conservant moins, il pourra conserver mieux.
La participation parce que cette décollection ne doit pas se faire derrière des portes fermées. Elle doit au contraire être visible et surtout rendre au public, mais d’une autre manière, les biens culturels sortis des collections. La transparence est en effet un gage de légitimité et de réflexion. Ainsi, décollectionner ne signifie pas jeter, mais donner une troisième vie aux objets qui n’ont plus de place sur nos étagères.
La Fondation des Moulins souterrains a décidé que cette troisième vie serait artistique ! Elle a donc confié ses objets décollectionnés à cinq artistes, à charge pour eux de les transformer en une sculpture qui ornera la cour des Moulins souterrains.
Le projet artistique : La Décollectionneuse
Cinq artistes, des quatre coins du canton de Neuchâtel, habiles soudeurs, ferrailleurs et récupérateurs de vieux objets chargés d’histoire, ont répondu avec enthousiasme à la proposition de la Fondation.
Celle-ci imaginait que chaque artiste allait créer sa propre oeuvre à l’abri des regards dans son atelier respectif. Mais il n’en fut rien : il devint évident à leurs yeux que l’oeuvre serait commune et collective ou ne serait pas.
Pareilles à l’eau vive qui fait tourner les roues d’un moulin, les idées ont jailli et le projet a pris rapidement forme, dans un esprit de compagnonnage.
Impressionnés par l’ingéniosité des bâtisseurs du XVIIe siècle, fascinés par la collection de roues, d’engrenages, de pignons, d’axes, de chaînes et de crémaillères, les cinq artistes se sont sentis inspirés par l’histoire des lieux, en particulier, par les vestiges de la ligne de chemin de fer qui desservait les moulins transformés en abattoirs à la toute fin du XIXe siècle et qui est encore visible dans la cour du musée.
Ainsi, ils imaginent de poser sur les rails restants, un chariot de chemin de fer qu’un moteur pourra entraîner sur les quelque 30 mètres de ligne. Le châssis accueillera une sculpture composées des fameuses pièces métalliques décollectionnées, également mises en mouvement, mais qui, sous l’action des chalumeaux des artistes, prendront des allures de machines folles…voire de vaches folles.
Trônant au milieu de la cour des Moulins, la sculpture-machine, qui a reçu le titre de travail de Décollectionneuse, accueillera les visiteurs, les amusera et les fera rêver. Elle créera aussi un lien fort avec ces beaux objets du passé qui retrouvent ainsi une troisième vie grâce à l’imagination et la sensibilité de ces cinq artistes.
Vous voulez en savoir plus sur les cinq artistes que sont ?
- Danièle Carrel
- Ivan Freymond
- Philippe Ioset
- François Knellwolf
- Lucas Schlaepfer